Quelles perspectives pour LVMH en bourse après la publication de ses résultats trimestriels ?
Deux semaines auparavant, les entreprises du luxe français se sont retrouvées en ligne de front face à l’appétit des marchés, alors que la cloche annonçant la très attendue saison des résultats trimestriels venait de retentir. La première capitalisation du marché français, LVMH (MC.FR), a ouvert le bal et n’a pas manqué de marquer l’occasion en plombant l’intégralité du secteur, son cours chutant à près de 588 € par action à l’ouverture soit environ 6% de baisse par rapport à sa clôture précédente.
Hermès est au même moment emporté dans la vague à hauteur de 3% et L’Oréal s’avère le plus grand perdant avec 8% de perte à l’ouverture de la séance. Bien qu’une partie de ces baisses ait été aujourd’hui récupérée, notamment grâce aux résultats d’Hermès plus encourageants que ceux de ses pairs, la tension reste forte quant aux perspectives des meneurs du CAC 40 dans un contexte de ralentissement économique mondial.
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Ouvrir un compte DÉMO GRATUITE Téléchargez notre application mobile Téléchargez notre application mobileBaisse des taux, stimulus des autorités chinoises, rationalisation du marché des vins et spiritueux… quelles perspectives sont à entrevoir pour LVMH, dans un contexte de fragilisation d’un segment de l’économie dont la résilience était considérée comme à l’épreuve des cycles ?
La Chine, un pari à double tranchant
Le choix stratégique de partir à la conquête du marché chinois, initié en 1859 via l’exportation du cognac de la marque Hennessy et plus tard en 1982 d’ouvrir le premier magasin Louis Vuitton, a sans doute été l’un des principaux moteurs de sa croissance. La région Asie-Pacifique est rapidement devenue une composante importante de son chiffre d’affaires, passant d’une proportion négligeable dans les années 90 à près de 17% du total de son revenu en 2004. Vingt ans plus tard, celle-ci s’élève à près de 30%.
Source : LVMH
Pourtant, ce qui a probablement été le meilleur pari de l’entreprise s’avère désormais être l’une de ses plus grandes faiblesses. Avec une croissance trimestrielle du PIB inférieure à 1% sur les deuxièmes et troisièmes trimestres de l’année et des ventes au détail en glissement annuel de deux à trois fois inférieure à sa moyenne sur dix ans, la Chine affiche des difficultés persistantes à relancer son économie post-COVID. Mais c’était sans compter sur l’intervention de la People’s Bank of China (PBOC), probablement motivée par la peur de prendre du retard sur les mesures de relance déjà initiées par ses homologues américain et européen. Celle-ci a dévoilé fin septembre un ensemble de mesures destinées à catalyser à nouveau un retour de la croissance, parmi lesquelles une réduction des réserves obligatoires des banques commerciales et des dispositifs de facilitation de l’accès aux capitaux.
Toutefois, après une réaction initialement forte, les marchés ont finalement tempéré leur jugement et accueillent de façon critique la potentielle insuffisance de ces mesures. Après tout, peut-on réellement continuer à abonder l’économie de liquidités lorsque la dette publique s’élève à près de 84% du PIB ?
Source : National Bureau of Statistics of China
Du côté du segment américain, les inquiétudes sont moindres, la croissance du PIB sur le 2e trimestre s’élevant à 3%, au-dessus de sa moyenne sur les 10 dernières années, et les investisseurs s’avèrent désormais convaincus par le scénario de “no landing”, c’est-à-dire d’une récession évitée par une baisse des taux suffisamment précoce. Celle-ci est la bienvenue dans un contexte d’un marché de l’emploi encore fragile, mais la hausse du point mort d’inflation à 5 ans et des taux obligataires semblent indiquer que la marge de manœuvre de la réserve fédérale pourrait s’avérer plus restreinte que prévu.
Enfin, concernant l’Europe, la consommation est définitivement dormante, car malgré une croissance des salaires plus forte que l’inflation sur les deux premiers trimestres de 2024, le surplus de revenu semble avoir été en grande partie reversé dans l’épargne, avec un taux historique de 15,5% environ. Le retour de la tendance vers la consommation pourrait se matérialiser dès lors que les conditions monétaires seront au plus bas, ce qui n’est toutefois pas anticipé avant au moins septembre 2025.
Des ventes décevantes au troisième trimestre
Les résultats trimestriels dernièrement publiés par LVMH ne sont que partiels, puisqu’ils ne comportent que le chiffre d’affaires réalisé sur cette période. Toutefois, ce dernier est révélateur des tendances économiques évoquées précédemment, et démontre que LVMH a malheureusement subi de plein fouet les effets du ralentissement. Avec un revenu estimé à 19,08 milliards d’euros, en baisse de 4,44% par rapport au troisième trimestre de 2023, le groupe souffre de la première baisse de sa performance sur les neufs premiers mois de l’année depuis la crise du Covid en 2020.
Source : LVMH
La division “mode & maroquinerie” est principalement en cause, celle-ci représentant près de la moitié des ventes, avec une baisse du revenu de 5%. De façon plus marginale, les segments “montres & joaillerie” et “vins & spiritueux” ont également sous-performé, constituant respectivement 12,8% et 7,5% des ventes du groupe. La distribution sélective et l’activité “parfums & cosmétiques”, formant le reste de l’ensemble, ont en revanche légèrement surperformé avec des taux de croissance de l’ordre de 2-3%.
Si l’on suppose que les ventes parviennent à se maintenir au quatrième trimestre et que la marge nette semestrielle (17,44%) ne varie également pas significativement, LVMH pourrait publier l’année prochaine un résultat d’environ 14,7 milliards d’euros, contre 15,17 en 2023.
Un impact économique inégal dans le secteur du luxe
A l’heure actuelle, l’ensemble des entreprises du secteur du luxe français ont publié leurs ventes trimestrielles, ce qui nous permet d’effectuer une comparaison entre pairs sur la base du chiffre d’affaires.
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Source : XTB Research
Ce tableau met en lumière les disparités qui existent entre ces différentes entreprises, démontrant que toutes ne sont pas impactées de la même façon par les aléas économiques. LVMH figure parmi la troisième moins performante en termes d’acquisition de parts de marché, ce qui s’explique premièrement par le fait qu’elle représente le plus gros volume de ventes au sein du secteur, et est donc plus proche de la taille critique. Les marques détenues en portefeuille semblent également moins résilientes au ralentissement économique de par une plus forte exposition à une clientèle ayant des revenus modérés.
Une consolidation après le retour de l’appétence au risque
Depuis son plus haut historique à près de 905 € en avril 2023, le titre connaît une décote importante, son prix avoisinant aujourd’hui les 630 €. Une première consolidation et des résultats engageants avaient permis au cours de fortement rebondir, avant de confirmer sa trajectoire baissière par une nouvelle chute à partir de mars 2024. Et ce, alors que les indices américains s’étaient trouvés en plein essor.
Source : XTB Research
On déduit de ces différentes courbes que la tendance baissière de LVMH s’est effectivement construite en deux temps. La première phase a été la résultante d’une aversion au risque croissante des investisseurs durant l’année 2023 jusqu’en octobre, mois à partir duquel le cours a marqué sa première consolidation. Mais lors de mars 2024, la continuation de la tendance n’était ni motivée par une aversion plus forte au risque ou une volatilité attendue plus importante, les deux variables ayant évoluées en stagnation. La sous-performance du titre par rapport au S&P 500 pourrait alors principalement s’expliquer par sa forte exposition à l’économie chinoise.
Il est intéressant de constater que la courbe d’aversion et de volatilité se sont croisées à partir d’août/septembre, ce qui correspond à la deuxième consolidation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Cela signifie que le risque anticipé sur les marchés est plus élevé, mais que les opérateurs sont davantage prêts à l’accepter pour bénéficier d’un rendement potentiellement plus élevé. Concernant ce risque, les primes constatées sur les options nous indiquent qu’il est environ 70% plus élevé pour LVMH que pour le S&P 500.
Source : XTB Research
Avec un rendement délivré par les obligations d’état françaises de 3,017% et un coefficient d’aversion d’environ 18,07%, les investisseurs à court-terme devraient exiger un rendement d’environ 9% pour investir sur l’action LVMH, tandis que les investisseurs à long terme portent ce taux à 7,7%.
La croissance à terme pleinement intégrée dans les cours
Les récentes publications des prévisions de croissance du FMI nous donnent de plus amples indications sur les attentes potentielles du marché sur le long terme. Celles-ci ont été relevées pour l’Asie, l’Europe et le Japon. Il convient toutefois d’ajuster ce taux réel par l’inflation attendue sur les 10 prochaines années, puis pondérer ces anticipations par l’exposition respective de l’activité de LVMH à chaque territoire.
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Source : FMI
La croissance anticipée du résultat pour LVMH à long terme s’estime donc à 4,523%. En intégrant la prime de risque à court terme au modèle de croissance de Gordon (postulant que le taux de croissance équivaut à la différence entre la prime de risque et le taux de rendement), et avec un rendement du résultat net sur douze mois glissants d’environ 4,48%, on constate que le marché intègre pleinement ce taux dans les cours (631 - 633 €).
Signaux d’entrée potentiels sur le titre
Le prix actuel de LVMH est tributaire du niveau actuel de volatilité attendue sur le marché et d’une hausse des rendements obligataires, catalysée par des craintes d’un retour de l’inflation. Mais dans un contexte de baisse des taux directeurs et d’une couverture plus importante des gérants en plein cœur de la saison de résultats, les opérateurs pourraient prochainement revenir sur des hypothèses de valorisation plus souple et intégrer le niveau de volatilité anticipé à plus long terme de 26%. Dans une telle hypothèse, et en supposant le niveau des rendements obligataires (environ 3%), de l’aversion au risque (18,07%) et d’anticipation de croissance (4,523%) constants, le titre pourrait retrouver ses plus hauts historiques au-delà des 900 €.
Sur le plan technique, le prix évolue actuellement sous la moyenne à cinquante-deux semaines retraitée d’un écart-type, qui est généralement un niveau de sous-évaluation statistique privilégié par les opérateurs comme signal d’entrée dans la tendance à long terme. Le RSI a marqué un support puis une impulsion haussière, tandis que le cours continuait de se déprécier dans le même temps. Cela nous suggère que le prix actuel pourrait représenter une opportunité d’entrée en position avant une revalorisation progressive de la volatilité associée au titre.
Source : xStation5
Rédigé par Maxime RATURAT, analyste marchés chez XTB France
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