Sanctions : Les gagnants et les perdants suite aux sanctions appliquées à la Russie

• Les pays occidentaux frappent la Russie avec des sanctions de grande envergure

• La Russie riposte et impose des sanctions au monde occidental

• Chute des actions russes, fermeture de la bourse de Moscou

• Les banques et les compagnies aériennes parmi les plus grands perdants

• Les entreprises du secteur de la défense et les valeurs liées aux nouvelles technologies de l'énergie en profitent

L'invasion russe de l'Ukraine a constitué un acte d'agression sans précédent en Europe depuis des décennies. Comme elle a brisé l'ordre de l'après-Seconde Guerre mondiale sur le Vieux Continent en entraînant un retour de la violence, les pays d'Europe et d'autres parties du monde ont rapidement condamné les actions de la Russie. Des sanctions d'une ampleur sans précédent ont été annoncées, entraînant la fermeture d'une bourse à Moscou et une chute de plus de 90 % de l'indice des actions russes cotées à Londres. Cependant, les sanctions contre la Russie ont également des effets secondaires. Jetons un coup d'œil rapide aux groupes d'actions qui peuvent être considérés comme gagnants et perdants.

Les perdants

Nous commencerons par les perdants, car il est beaucoup plus facile de mettre en évidence les secteurs perdants des sanctions qui ont entraîné des perturbations dans le commerce international et provoqué une onde de choc sur les marchés financiers. Parmi les groupes d'actions les plus négativement touchés par les sanctions figurent ceux qui étaient visés par les sanctions en premier lieu - les institutions financières et les compagnies aériennes. Toutefois, le secteur de l'automobile est également touché, les entreprises commençant à s'auto-sanctionner et à interrompre leurs activités en Russie.

Les Banques

Les sanctions imposées à la Russie par l'Occident ont, dans une large mesure, coupé le pays des marchés financiers internationaux. Si les pays occidentaux n'ont pas ciblé les paiements pour les flux de pétrole et de gaz russes, les principales institutions financières du pays ont été visées. S'il est plus difficile pour les entreprises russes de percevoir des paiements pour leurs biens et services, il est également plus difficile pour elles de payer des biens et services étrangers. Cette situation s'avère difficile pour les banques européennes qui non seulement gèrent les paiements entre l'UE et la Russie, mais ont également de gros investissements en Russie. Le cours de l'action s'est effondré, reflétant cette perte d'activité et l'attente d'importantes dépréciations de portefeuille. 

Exemples de banques touchées : Deutsche Bank (DBK.DE), Société Générale (GLE.FR) et UniCredit (UCG.IT).

On dit que la Deutsche Bank (DBK.DE) a des liens profonds avec ses clients russes, ce qui se reflète dans la performance récente du cours de l'action de la société. L'action a chuté sous la borne inférieure du canal haussier et a atteint le niveau le plus bas depuis fin septembre 2021. Source: xStation5

Secteur Automobile

Les constructeurs automobiles et d'autres entreprises du secteur automobile sont également fortement touchés par la guerre en Ukraine. Les perturbations de la chaîne d'approvisionnement ont entraîné des pénuries de pièces. Les constructeurs automobiles allemands, comme BMW, ont annoncé qu'ils allaient devoir interrompre la production dans certaines de leurs usines nationales, l'assemblage ne pouvant se poursuivre en raison du manque de pièces en provenance d'Ukraine. Les fabricants de pneus sont également touchés par l'impact de l'approvisionnement en matières premières en provenance de Russie. Enfin, la réaction croissante de l'opinion publique à l'encontre de ceux qui font des affaires avec la Russie a amené certaines entreprises à s'auto-sanctionner et à imposer des restrictions allant au-delà des restrictions officielles, comme par exemple Volkswagen qui a cessé ses exportations et ses ventes en Russie.

Exemples d'entreprises touchées : Renault (RNO.FR), Volkswagen (VOW1.DE), Continental (CON.DE) et BMW (BMW.DE).

La Russie est le deuxième marché le plus important pour Renault (RNO.FR). Le cours de l'action du constructeur automobile français a plongé de plus de 30 % depuis le lancement de l'invasion russe, les investisseurs craignant que l'entreprise ne puisse bientôt plus du tout exercer ses activités en Russie. Source: xStation5

Secteur des compagnies aériennes et de l'aviation

L'Union européenne, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et d'autres pays ont décidé de fermer l'espace aérien au-dessus de leur territoire aux avions russes. En conséquence, les compagnies aériennes russes ont été contraintes d'emprunter des itinéraires plus longs ou d'abandonner purement et simplement certaines liaisons, car elles n'étaient plus rentables. La Russie a rapidement riposté de la même manière, rendant beaucoup plus difficile pour les compagnies aériennes européennes, comme Lufthansa, de se rendre en Asie. Les transporteurs ayant des activités importantes en Europe de l'Est, comme TUI, ont également été fortement touchés. Si les sanctions devraient être plus douloureuses pour les compagnies russes, les entreprises européennes et américaines subiront également des pertes commerciales - Airbus et Boeing ont déjà annoncé qu'ils ne fourniront plus de services de support et de pièces détachées aux compagnies aériennes russes.

Exemples d'entreprises touchées : Lufthansa (LHA.DE), TUI (TUI.DE), Airbus (AIR.DE), Boeing (BA.US).

L'Europe centrale et orientale est une région importante pour le transporteur européen à bas coûts TUI (TUI.DE). Alors même que la valorisation de la société reste basse à la suite de la pandémie de Covid-19, l'action a subi une nouvelle baisse de 25 % au cours de la semaine écoulée et un nouveau test des plus bas de fin novembre 2021 n'est pas à exclure. Source: xStation5

Les gagnants

La taille de l'économie russe et les liens commerciaux profonds avec de nombreux pays européens font que les sanctions russes ont un impact négatif important sur certaines entreprises américaines et européennes. Cependant, certains groupes d'actions profitent de la situation ou, plus précisément, du changement de l'ordre mondial. Les pays qui ne voyaient pas la nécessité de dépenser beaucoup pour la défense ont changé d'avis, tandis que ceux qui dépendent de l'approvisionnement énergétique russe ont commencé à regarder ailleurs.

Nouvelles technologies énergétiques

La forte dépendance de l'Europe à l'égard des importations énergétiques russes a rendu difficile l'imposition de sanctions efficaces. Alors que l'UE et ses alliés visent une grande partie de l'économie russe, ils se sont gardés de cibler le secteur énergétique russe, de peur que la Russie ne riposte en arrêtant complètement ses exportations d'énergie. Cela pourrait déclencher une crise énergétique en Europe, mais encourage également les dirigeants à chercher un approvisionnement énergétique ailleurs. Des appels à ralentir la sortie du nucléaire allemand ou à stopper l'ETS ont été lancés. Aucune décision claire n'a encore été prise, mais il est fort probable que l'UE se tourne vers les énergies renouvelables, l'énergie nucléaire ou l'hydrogène pour remplacer le pétrole et le gaz russes, ce qui pourrait constituer une opportunité pour les entreprises actives dans ces secteurs.

Exemples d'entreprises concernées : Vestas Wind Systems (VWS.DK), Orsted (ORSTED.DK), NEL (NEL.NO) et Uranium Energy (UEC.US).

Vestas Wind Systems (VWS.DK) a progressé lorsqu'il est devenu évident que l'Europe s'efforcera de réduire sa dépendance à l'égard des produits énergétiques russes. La demande de systèmes d'énergie renouvelable en Europe devrait augmenter à la suite de l'invasion russe. Le titre a rebondi sur la borne inférieure du canal baissier et se dirige vers un test de sa borne supérieure. Source: xStation5

Secteur militaire

L'invasion russe de l'Ukraine ne signifie pas seulement que la guerre est revenue en Europe. Elle signifie également que la course militaire entre les superpuissances mondiales va reprendre. Les pays de l'OTAN considérant l'agression russe contre l'Ukraine comme une menace directe pour l'alliance, les pays membres ont annoncé qu'ils allaient dépenser davantage pour la défense. Le chancelier allemand Scholz a déclaré que 100 milliards d'euros seraient consacrés à l'armée allemande pour compenser les investissements inférieurs aux objectifs des années précédentes. On s'attend également à ce que les autres pays de l'OTAN augmentent leurs dépenses pour se conformer à l'objectif de 2 % du PIB fixé par l'ensemble de l'OTAN. Les entreprises du secteur de la défense, qu'elles soient européennes ou américaines, ont gagné du terrain cette semaine, les politiciens européens et américains ayant appelé à une augmentation des dépenses militaires.

Exemples d'entreprises touchées : Rheinmetall (RHM.DE), BAE Systems (BA.UK), Raytheon Technologies (RTX.US) et Lockheed Martin (LMT.US).

Le lancement de l'invasion russe et les attentes qui en découlent en matière d'augmentation des dépenses de défense ont permis à l'action de Lockheed Martin (LMT.US) de dépasser les sommets pré-pandémiques et d'atteindre de nouveaux records. Lockheed Martin est un contrat important du gouvernement américain qui fournit depuis longtemps des avions militaires et d'autres équipements à l'armée américaine. Source: xStation5